La Quinzaine littéraire, 16 mars 1999, par Tiphaine Samoyault
Dégagé de la pesante « actualité » mallarméenne qui, à l’occasion d’un centenaire récent, nous a quand même divertis cet automne de l’inénarrable et récurrente rentrée romanesque, le Mallarmé au tombeau de Jean-Claude Milner apparaît comme un livre lumineux et élégant, inactuel au sens le plus fort du terme. Le sonnet sans titre, dont l’incipit fournira plus de souvenirs au lecteur, « Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui » est l’objet autour duquel tourne la prose de Milner et dans lequel il enferme ce qui serait une pensée chez Mallarmé. Partant d’une minutieuse analyse linguistique, il en arrive à une interprétation du sonnet comme lieu de l’histoire, ou de la pensée du XIXe siècle tout entier. Milner nous apprend ainsi à nous méfier du fameux « rien n’a eu lieu » mallarméen, trop souvent réduit à une simple formule puisqu’aussi bien, c’est le XXe siècle que ce sonnet contient, et ce qu’il y advint.