Le Monde, 29 mars 1996
C’est le mérite des œuvres immortelles, des œuvres-sources, de susciter toujours de nouveaux lecteurs et d’apparaître à leurs yeux comme des œuvres vives. Ainsi du Banquet de Platon. La séparation entre spécialistes universitaires et simples amateurs ou amoureux des textes est arbitraire. Cette magnifique leçon de lecture du Banquet, donnée par une helléniste distinguée, spécialiste du néoplatonicien Damascius – dont elle traduisit, chez le même éditeur, Des premiers principes –, l’atteste. Pour parler, avec respect, modestie et compétence de ce grand festin de mots sur l’amour et la beauté, rien n’est d’ailleurs plus nécessaire que de récuser cette séparation pour s’abandonner au « prodigieux transport qui […] saisit à l’entour du bel objet…, l’apaisement délicieux qui le fait s’épanouir et engendrer ».