Libération, 17 janvier 2013, par Robert Maggiori

Directeur des Cahiers d’études lévinassiennes, Gilles Hanus soutient ici une thèse paradoxale : ce serait rater la quintessence de la philosophie de Lévinas que de vouloir (sous forme notamment de réflexion phénoménologique) la ramener « dans le giron de la philosophie » et, là, la célébrer. « Nous désirons prendre à contre-pied une telle décision, décider autrement, accorder à Lévinas la puissance que l’Université lui refuse en le canonisant : celle d’échapper dans l’exercice de la pensée, au moins localement, à la philosophie. » Où est, d’où vient alors cette puissance ? Comme l’a écrit Benny Lévy, l’écriture de Lévinas est à la fois « une écriture par notions », en tant qu’elle est philosophique, et « souffle », en tant « qu’elle procède de l’Écriture ». C’est dans cette « tension entre l’esprit occidental et l’existence juive qui constitue le cœur de son travail de pensée – son halètement », que Gilles Hanus cherche l’« actualité » d’Emmanuel Lévinas.