Le Monde des livres, 3 juillet 2009, par Jean Birmbaum

Au milieu des années 1970, Benny Lévy (1945-2003), ancien chef de la Gauche prolétarienne, délaissa la politique maoïste pour se tourner vers l’étude de la Torah. Sur le chemin de son « retour » au judaïsme, il rencontra l’œuvre d’Emmanuel Lévinas (1906-1995). Installé à Jérusalem au milieu des années 1990, Lévy consacra à cette œuvre un séminaire dont ce livre est issu. L’enjeu en est clair : réexaminer la question des rapports entre révélation biblique et pensée philosophique. Savoir, donc, si les relations entre Jérusalem et Athènes doivent s’envisager sous le signe de la guerre ou de l’alliance. Mêlant le Talmud et Platon, citant Faulkner, Mao ou Lacan, Benny Lévy décortique les textes et engage un corps-à-corps avec l’écriture de Lévinas. Plus tard, cette « explication » débouchera sur une rupture brutale. Mais en 1996, on n’en est pas encore là : page après page, Lévy suit le « mouvement de pensée » propre à Lévinas, et s’il discute son éthique du visage ou sa conception de l’altérité, c’est surtout pour saluer, ici, une « merveilleuse liberté ».