Le Soir, 4 mars 1998, par Michel Grodent
Parallèlement reparaît en France la Lettre de Staline à ses enfants réconciliés, de Raoul Vaneigem. On sait que l’auteur du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations fait de Staline un porte-parole de la peur qui travaille nos sociétés et les jette régulièrement dans les bras du totalitarisme. Cinq ans après la publication de son livre, Vaneigem assure que rien n’est venu le démentir, que du contraire. « L’ombre de Staline, écrit-il, n’a cessé de se propager partout où des êtres qui n’ont plus d’humain que l’apparence se réfugient dans le nihilisme de l’ennui, l’impuissance agressive et la passivité hargneuse ». Brave « new world » où chacun est devenu « son propre chien de garde »: on y sacrifie l’homme à des abstractions marchandes !