Tribune juive, 26 novembre 1998, par Dov Fellous

L’écrivain vu par Sartre

En novembre 1946, la première session de la Conférence générale de l’Unesco se tint à Paris. Jean-Paul Sartre y prononça une allocution, « La responsabilité de l’écrivain ». Plus de cinquante ans après, les éditions Verdier proposent le texte intégral de la contribution du grand philosophe. Les questions abordées sont toujours actuelles. On y voit poindre la construction de l’Europe et le phénomène de mondialisation.
De quoi doit parler l’écrivain ? se demande Sartre et pourquoi de ceci plutôt que de cela ? « Pourquoi veux-tu changer la manière dont sont faits les timbres-poste plutôt que la façon dont est traité le Juif dans un pays antisémite ? » Pour Sartre, un livre est un appel à la liberté. Pour que, cinquante ans plus tard, on ne puisse pas dire : « Ils ont vu venir la plus grande catastrophe mondiale et ils se sont tus », il faut que l’écrivain « assume la fonction de perpétuer, dans un monde où la liberté est toujours menacée, l’affirmation de la liberté et l’appel de la liberté ».
D’une modernité étonnante.