Matin-Dimanche, 8 septembre 2013, par Michèle Audétat

Le jury du Goncourt sélectionne un écrivain qui vit à Lausanne

Vendredi, dans la première sélection pour le prochain Prix Goncourt, on a découvert… le nom de David Bosc. Un écrivain français. Mais qui habite Lausanne.

L’an dernier, la Suisse romande avait suivi passionnément la longue course qui avait conduit l’écrivain genevois Joël Dicker jusqu’au seuil du Prix Goncourt. Cette année, en ira-t-il de même avec David Bosc dont La Claire Fontaine figure sur la première liste de quinze romans sélectionnés pour le prix qui sera attribué le 4 novembre ?
Bon, c’est vrai, David Bosc n’est pas ce qu’on appelle un « écrivain romand ». Il est né à Carcassonne, en 1973. Il a passé son bac à Marseille et il a étudié à Paris. Mais, depuis 2005, David Bosc habite Lausanne où il travaille comme éditeur chez Noir sur Blanc. Et son livre baigne dans la lumière des paysages lémaniques où Gustave Courbet s’était établi après avoir fui la France qui voulait lui facturer la reconstruction de la colonne Vendôme abattue par les communards. Le peintre s’était installé à La Tour-de-Peilz (VD) en 1873. Il y a vécu les quatre dernières années de sa vie qui sont retracées dans La Claire Fontaine.
David Bosc a découvert les éditions Noir sur Blanc à Varsovie, à la bibliothèque de l’institut français : « Je vivais alors en Pologne avec ma future femme. » Quelque temps plus tard, à Paris, David Bosc croise la fondatrice des éditions Noir sur Blanc dans une réception donnée à l’ambassade de Pologne : « Vera Michalski m’a demandé si j’étais intéressé par l’idée de vivre en Suisse. J’ai immédiatement accepté sa proposition de venir y travailler. »
En 1996, le premier livre de David Bosc était un essai consacré à l’écrivain anarchiste Georges Darien (éd. Sulliver). il a publié ensuite deux romans chez Allia : Sang lié (en 2005) et Milo (en 2009). Et c’est chez un autre éditeur de belle qualité, Verdier, qu’il vient de sortir La Claire Fontaine.
Verdier fera-t-il le poids face aux mastodontes de l’édition française qui font d’ordinaire main basse sur le Prix Goncourt ? David Bosc a-t-il une chance face aux écrivains de cette première sélection qui sont plus célèbres, plus « bancable » ou plus parisiens que lui (Jean-Philippe Toussaint, Sylvie Germain, Yann Moix, Marie Darrieussecq…) ? On n’en sait rien, mais on l’espère : La Claire Fontaine est un pur enchantement […].