Beaux Arts magazine, 19 octobre 2012, par Vincent Huguet
Ainsi parlait Bram van Velde
Les rares paroles du peintre néerlandais n’avaient été jusque-là accessibles qu’à travers les Rencontres avec Bram van Velde publiées par Charles Juliet en 1978 (P.O.L.), constamment rééditées depuis et devenues comme un Évangile selon saint Bram. Autant dire que la publication de ces Lettres est un événement. Ces courtes missives écrites dans un français approximatif et mal orthographié, qui fait entendre l’accent du Néerlandais, rappellent que pour celui qui peignait « l’impossibilité de peindre » il n’était guère plus facile d’écrire. Il y a le bruit, la « route hurlant », la tête qui fait mal, la fatigue, mais aussi l’inquiétude de l’amoureux, qui commence une lettre à Marthe par « Comment va tu ? » [sic] et la termine par « Tu m’écris comment tu vas ? » Il y a aussi, au détour de lettres de rien, ces aphorismes dont Bram van Velde avait le secret : « Le monde est très malade et doit crever probablement tout doucement. Révoltons-nous contre Dieu parce que nous devons mourir. Vous vous plaignez de vieillir, de devenir charogne, terre et vent. »