Le Journal de Saône-et-Loire, 10 avril 2013
Esquisse d’un pendu, médiéval mais moderne
Avec Esquisse d’un pendu, Michel Jullien se penche sur l’activité des copistes de manuscrits à Paris dans la deuxième moitié du XIVe siècle.
Le roman met en scène un scribe très laïque, Raoulet d’Orléans – l’un des copistes attitrés de Charles V –, bon vivant, et peu chatouilleux sur les mystères de la religion. Animant un atelier familial au cœur de Paris, il a pourtant copié des bibles à tour de bras mais, incapable de se concentrer très longtemps sur ses rectangles de parchemin, il a pour habitude de fréquenter les tripots, ceux de Montfaucon notamment, le grand gibet de Paris.
Éditeur d’art et écrivain, Michel Jullien sera le prochain invité des Cahiers Lamartine. « En plongeant le lecteur dans l’univers du Moyen Âge, écrit Éric Chevillard dans Le Monde des Livres, ce roman met le doigt sur des notions on ne peut plus contemporaines, à savoir, la préfiguration de la presse moderne. La contrefaçon, le plagiat, l’emprunt de l’information aboutissant à la déformation de ce qui est rendu public. » Mais surtout, au-delà de l’intrigue qui se noue autour d’un mystérieux faussaire venu s’immiscer dans les commandes royales de Raoulet, ce roman en forme de parabole médiévale, restitue l’ombre de l’imprimerie qui plane sur le siècle et, au-delà, de l’avènement contemporain du numérique.