Le Nouvel Observateur, 22 août 2013, par Anne Crignon
Les libraires ont aimé. Leurs six romans préférés
Ils ont passé leur été à lire les romans de la rentrée. Voici, de Royan à Saint-Chély-d’Apcher, ceux qu’ils vont défendre.
Avec son titre en quatre lettres, ce roman éclatant et grave aura été porté tout l’été, d’un libraire à l’autre, par une rumeur flatteuse : Rien est le troisième livre d’Emmanuel Venet (Verdier). Il y a vingt ans, jour pour jour, que le narrateur est marié. Le lien conjugal résiste, plutôt mal, à tout ce qui, sous le couvert prudent des silences, abîme et sépare un couple. Dans le luxueux Negresco niçois où ils sont venus fêter cet anniversaire, leur jouissance est mécanique et sans joie profonde. « À quoi penses-tu ? » demande la femme après l’amour. L’homme est replié dans son monde intérieur. Il songe au musicien oublié du début du XXe siècle Jean-Germain Gauchet, dont il fait profession d’étudier la vie et l’œuvre, et dont la lucidité affûtée fait écho à la sienne. « Tout le livre, c’est ce à quoi il pense et c’est superbe », dit Nicolas Vivès,d’Ombres blanches, à Toulouse. Erik Fitoussi de la librairie Passages, à Lyon, admire beaucoup le style, « condensé comme du Michon ». […]