Le Point, 18 mai 2006, par Valérie Marin La Meslée

Le cas Ferdière

Son Précis de médecine imaginaire nous avait enchantés. Emmanuel Venet, psychiatre, signe un nouveau livre, sur l’un de ses confrères du siècle dernier, Gaston Ferdière. Lequel passa à la postérité pour avoir enfermé son célèbre patient, Antonin Artaud, à l’asile de Rodez (1943-1946), lui avoir fait subir des électrochocs, etc. En revisitant ce « cas », Venet explore la relation entre médecine et littérature, et dessine une carte des frustrations de son anti-héros.

Autopsie d’une vie ratée, ce texte empathique, superbement écrit – à peine entré dans la première page, le charme Venet réopère – nous apprend que Marie-Louise, première épouse de Ferdière, le laissa les bras ballants pour courir dans ceux d’Henri Michaux. Ce « pauvre Ferdière », médecin désavoué autant qu’écrivain avorté, ne ressort pas blanchi de ces lignes. Mais, du monstre qu’en avait fait la légende, le voici (re)devenu humain.