Notes bibliographiques, mai 2006
La postérité connaît le Dr Ferdière comme psychiatre, controversé, d’Antonin Artaud, pendant trois ans. Fils d’un fabricant de billards de Saint-Étienne, il fait ses études de médecine tout en s’essayant à la poésie. Marié à Marie-Louise, qui le quitte bientôt pour Michaud, il côtoie Desnos et les surréalistes. Psychiatre, il irrite sa hiérarchie et se retrouve exilé en Indre-et-Loire. Il s’intéresse à l’art brut et aux œuvres de ses malades, teste la lobotomie tout juste inventée, et organise un hôpital de campagne pendant l’exode. Muté à Rodez, il accueille Artaud dans son asile, en 1943. Après quelques séances d’électrochocs, Artaud se remet à écrire, va mieux, jusqu’à ce que, appelé par le miroir aux alouettes du Tout-Paris, il joue de ses relations pour sortir, contre l’avis de Ferdière, et meure un an plus tard, en 1948. Ferdière garde le silence sur leurs relations jusqu’à sa mort en 1990.
Ce portrait d’un psychiatre par un psychiatre réhabilite la figure de Ferdière. Il séduit également par sa concision remarquable ; le verbe est fort, les mots justes, on se délecte : un plaisir de lecture en soi.