Télérama, 26 avril 2006, par Michèle Gazier
Non, Emmanuel Venet, psychiatre, auteur d’un inoubliable Précis de médecine imaginaire, n’entre pas dans la polémique concernant Gaston Ferdière, psychiatre, qui a soigné Antonin Artaud à l’hôpital de Rodez, de 1943 à 1946, à coups d’électrochocs. De l’encre a coulé en abondance sur le sujet. Ferdière s’est fait traiter de tous les noms. Sa thérapie a fait souffrir Artaud, pas de doute là-dessus. Mais qui était Ferdière? Quel rapport entretenait-il avec l’écriture, le génie, les hommes, la médecine ? Par petites touches, dans un style précis et précieux, acide et croquant, Emmanuel Venet trace le portrait d’un homme plus complexe, plus tourmenté, plus intéressant, en somme, que ne le laissent deviner ces trois années d’acharnement thérapeutique sur le cerveau d’Artaud. Plaisir d’une lecture qui se déguste d’abord comme une gourmandise, et se poursuit comme une authentique réflexion sur la création.