La Liberté, 14 février 2009, par Jacques Sterchi
L’instabilité est littérairement féconde
Chamans, identités flottantes, divinité lacustre et loups apprivoisés : le nouveau roman de Christian Garcin est lui aussi habité par cette instabilité des choses littérairement si féconde. Nous sommes en Mongolie, sur les traces d’Eugenio Tramonti – qui n’est autre qu’un personnage fictif d’un précédent livre de Garcin. Le narrateur qui débarque à Oulan-Bator va être mêlé à un réseau hallucinant de chamans, d’un Chinois qui sait expliquer ses rêves, le tout baignant dans la fréquentation de l’invisible. Mais l’habileté de ce roman, La Piste mongole, réside dans le croisement de tous ces personnages improbables pour donner sens à la quête du narrateur. Peu à peu, par le surajout romanesque, le personnage se dépouille de ses peaux mortes, trouve quasiment une seconde identité. Et ne considère en tout cas pas le réel comme preuve suffisante de quoi que ce soit. Un livre très maîtrisé qui débute comme un récit de voyage farfelu et se termine sur le ton de la fable mystique merveilleusement rythmée.