Livres hebdo, 3 décembre 2010, par Alexandre Fillon
Les belles disparues
Originaire de la province de Sichuan au centre-ouest de la Chine, Zhu Wenguang a d’abord été vigile dans un magasin de prêt-à-porter de Deyrang. Au fil des années, le héros du désopilant nouveau roman de Christian Garcin s’est transformé en un efficace justicier opérant dans l’ombre. Surnommé « Zuo Luo, ou Zorro, du nom du célèbre renard masqué », Wenguang part sans relâche à la recherche de « jeunes femmes des campagnes pauvres vendues de force à d’autres paysans, ou à quelques citadins tout aussi pauvres ».
Monsieur respecte parfois la voie officielle, lorsqu’il parvient à faire intervenir la police, mais peut opter aussi pour la ruse ou la force. Il lui arrive de résoudre une affaire en un tour de main, sans avoir à utiliser ni couteau ni pistolet. Un coup de genou dans les parties, un uppercut à la base du nez et un crochet au visage suffisent même souvent à lui faire prendre le dessus sur son odieux adversaire.
De lui, on sait encore qu’il a un cousin propriétaire d’un restaurant à New York. Qu’il fume des cigarillos quand il est sous pression. Qu’il est affublé de grosses joues et d’un regard impassible lui donnant l’air d’un « lutteur de sumo à la retraite, le chignon en moins. Ou de la divinité dodue d’un autel domestique, le sourire en moins ». Qu’il utilise des relais ou des indicateurs. Comme Bec-de-Canard avec lequel il boit de la bière mongole et se chamaille volontiers.
Il convient également de préciser que le volume disponible chez Verdier en janvier prochain porte le sous-titre suivant : « Un roman de Chen Wanglin ». Ce dernier se trouve être un écrivain pas encore publié qui aurait couché sur le papier Les Aventures de Zuo Luo, le renard justicier. Certains de ses récits seraient en revanche traduits en France, puisque Wanglin aurait rencontré un Français lorsqu’il était en Mongolie. Christian Garcin ayant quant à lui signé en 2009 chez Vernier La Piste mongole, on serait tenté d’y voir comme une sorte de lien invisible…