Télérama, 10 octobre 2001, par Christine Ferniot
Depuis de nombreuses années, François Bon décrypte, dissèque, comptabilise les repères minuscules qui lui permettent de recomposer dans l’écriture des lieux trop vite aperçus, des paysages qui changent, imperceptiblement. Les machines, celles des usines, celles des garages, il en a souvent parlé, dans Temps machine, Paysage fer ou Décor ciment. Voilà que la mécanique des mots s’attaque aujourd’hui à sa propre enfance, tourne autour d’un père qui meurt en laissant derrière lui des photos de voitures, des carcasses, des souvenirs à reclasser comme des stocks de pièces détachées. Ouvrir la porte du hangar, retrouver des sensations oubliées, chercher l’empreinte de ceux qui sont partis : François Bon reconstruit le passé familial pour offrir à son père non pas un tombeau, mais les traces indéfectibles de sa mémoire. Au-delà de ce très beau récit d’émotion, Mécanique est aussi le bilan d’une œuvre et d’une vie. L’auteur y dévoile son objectif littéraire et sentimental : un besoin de saisir la mécanique de la langue comme celle de la vie.