Télérama, 27 septembre 1995, par Michèle Gazier
[…] Dans son atelier [d’écriture], il y avait une jeune femme fantasque et insoumise, qui est morte d’une overdose en laissant des enfants. Drame presque ordinaire, de ceux qui suscitent quelques lignes dans le journal local. Qui était-elle ? En se promenant à travers la ville plongée dans sa torpeur, à l’écoute de cette marginale ou à l’affût de rencontres provoquées ou fortuites, François Bon nous fait découvrir le désarroi et les joies de tout un monde d’oubliés qui se bricolent une vie, à défaut d’existence sociale.
Jamais il ne prend la parole à la place de ceux qu’il est venu aider à trouver leurs propres mots. Jamais il ne se fait leur avocat. Il est là, tel un miroir qui réfléchirait à la fois des murs, des rues, des êtres et des rêves. Son écriture épurée, lancinante, comme assourdie par l’emploi répété du « on » impersonnel, permet seulement à celle des autres de sourdre ou d’éclater. Et elle éclate violemment comme la révolte qui souvent la suscite, belle comme celle des poètes et des enfants.