Les Inrockuptibles, janvier 1997, par Bertrand Leclair
Il s’en dégage une puissance rare qui jaillit tout entière de la langue, comme d’un long poème en prose au glissement musical, avec des refrains, des retours de gammes où dominent les bémols fugaces, des arpèges subitement renversés qui vous lèvent le cœur ; travaillée jusqu’à la plus extrême simplicité, la phrase s’arrache à la plate linéarité des lignes pour danser au-dessus de ce gouffre qui n’est jamais nommé, lui non plus, pas plus que ne l’est le narrateur, et mener le lecteur de ricochets en ricochets à bon port, comme l’on dit dans la vie courante, comme l’on dit aux enfants lorsqu’on croit savoir ce qu’on leur dit, pour qu’ils s’arrêtent de pleurer.