Le Bien public, 16 octobre 2011, par J. Remy
L’air de rien
Le chant d’un monde qui s’écroule. Qu’une lèpre grise effrite, transforme. Une enfant chante, et joue. Brikebram bracam abraxas ! Ne criez pas trop fort, Solène veille.
Un texte un peu mélancolique, où les mots chantent un monde éteint. Un texte qui commence comme un bon livre de science-fiction et termine en poème. Un texte qui coule doucement, et avec lui le monde s’écroule. François Dominique raconte.
Il raconte un monde enfui. Une famille protégée d’un dôme de lumière, qui empêche les âmes grises de la détruire. Il raconte une petite fille qui entend les pensées des autres, mais aussi le cri des murs qu’on abandonne. Il raconte. Et l’histoire devient conte. Les mots prennent le pouvoir en une sarabande effrénée. Une de ces listes que l’on a envie de sauter, comme une ornière sur le chemin, et sur laquelle il faut quand même s’attarder. « J’ai vu en rêve une horde de mots qui se perdaient dans l’air et revenaient en lambeaux » dit Solène. La chambre blanche est assaillie par les ombres. Faut-il y pénétrer et perdre toute innocence ? Faut-il jouer la pièce qu’est la vie comme un portrait chinois un peu compliqué ?
Le monde de François Dominique est toujours étrange, en bordure du réel et pourtant quotidien. Solène est une petite fille normale, avec un père médecin, une mère musicienne, deux grands frères et le petit Ludo. Elle est une sorcière, elle est une fée. Elle est la fin du monde.