Le Magazine littéraire, mai 2003, par Valérie Marin La Meslée
Ce récit d’une guerre emblématique fait écho au monde tel qu’il est mais comme l’information ne peut le dire, ou le tait. Il donne la parole à tous ceux qui ont vécu, vivent et vivront les folies destructrices animées de mirages de reconstruction. La chronique en forme de fable d’Emmanuel Darley (auteur d’Un gâchis) se divise en deux chants alternés : paroles du dehors et paroles du dedans. À l’extérieur, l’attaquant prépare les munitions de sa haine, sous les ordres du général Brûlé qui, « Hahaha », jouit avant, et pendant, de reprendre aux « mécréants » Restonica la flamboyante. À l’intérieur, les habitants candides et insouciants sont pris par surprise, inquiets puis tremblants, et tâchent aussi de faire corps autour de celui de leur chef, le commandant Salive. Qui dit chef dit abus de pouvoir, le viol collectif se dessine.
Entre théâtre et poème, cette fresque épique est scandée de monologues. Points de vue d’hommes, de femmes, d’enfants engagés de gré ou de force dans cette lutte à mort qui est née d’on ne sait quoi, va on ne sait où, mais se déroule inéluctablement. Où sommes-nous ? Dans une ville chargée d’histoire et de héros légendaires. À quelle époque ? Des temps immémoriaux. Au long de phrases elliptiques, un vocabulaire archaïque se mêle ici à des termes actuels, dans un.