Le Monde, 9 septembre 2011, par Monique Pétillon
La beauté d’après le désastre
Poète et romancier, fondateur, avec Jean-Michel Rabaté, des éditions Ulysse fin de siècle, François Dominique publie aujourd’hui Solène, un récit sombre et cristallin. « Si vous m’entendez, c’est que je serai morte depuis longtemps. » Cette voix étrange qui nous interpelle est celle de Solène, une fillette qui a le pouvoir d’entrer dans les pensées d’autrui. On est dans une géographie précise, près de Lyon, mais dans un temps indéterminé, où les paysages ont été engloutis sous la cendre. Après le « désastre », une famille s’est réfugiée dans une villa. La mère est musicienne, le père médecin, les fils aînés, Rob et Nick, aimeraient fuir cet état de siège. Quant au petit dernier, Ludo, il est le protégé de Solène. Autour, dans une végétation profuse, rôdent les bêtes sauvages et surtout des « ombres létales ». Les corps qu’elles touchent se couvrent de taches grises, avant de s’effriter. Des jeux de patience, des contes à faire frémir, le mystère d’une chambre blanche… Tout concourt à faire de cette fable apocalyptique, une cantate inouïe, d’une effrayante beauté.