Notes bibliographiques, mai 2012

La réflexion du médiéviste Patrick Boucheron sur l’histoire et la pensée politique qui la traverse part d’un tableau énigmatique peint en 1504 par Giorgione et généralement appelé Les trois philosophes. Adoptant une hypothèse communément admise, il voit, en ces trois âges de la vie, l’Antiquité incarnée par le vieillard (Aristote ?), le Moyen Âge représenté par l’homme au turban (Averroès ?), la Renaissance dans le jouvenceau assis, tourné vers une caverne (les néoplatoniciens). L’auteur de Léonard et Machiavel (NB février 2009) analyse avec brio les traits spécifiques des trois périodes et leurs conséquences considérables, encore sensibles aujourd’hui. Lui, l’historien, est le commentateur qui « se faufile dans l’entrebâillement des âges » et constate que le cheminement de l’homme « avance moins par embardées soudaines que par l’imperceptible effritement de l’ordre ancien », ce dont il donne un exemple lumineux avec le prêche de François d’Assise en 1222, détaché des sermons universitaires. Style raffiné, érudition encyclopédique et pensée puissante, mais réellement complexe.