Le Magazine littéraire, avril 1991, par Viviane Forrester
Avec La Nonchalance, Pierre Dumayet accomplit ce miracle : déjouer ce qu’il y a de fictif dans la fiction […].
Sans ostentation, à partir d’un sens insolite de la durée, il intercepte les instants majeurs de la fugacité – les indices – et repère ce qui fait d’un personnage une personne, et ce qui insère la personne dans une destinée. Ce sont des éléments en apparence ténus et pourtant capitaux ; des sensations, des minutes anodines, mais qui déterminent ces troubles impérissables, qui n’en finiront plus d’émerger non pas de la mémoire mais des zones d’oubli où rien, jamais, ne s’efface. […]
Mais comment rendre compte de la nostalgie féroce, de la grâce mystérieuse d’un livre ancré dans l’exactitude et qui traduit, avec une lucidité allègre, la terreur, le manque inhérent à la vie et à ses profusions. Pour y parvenir, il faudrait recopier tout le texte. C’eût été délectable. Mais vous le savourerez dans l’original et, si vous savez lire, le relirez souvent.