Choisir, janvier 1996, par J. Suquet
Quand on ouvre le livre de Gil Jouanard et qu’on porte un regard sur la page frappée de la formule : « du même auteur », quelle surprise de n’y rencontrer que de petits éditeurs. Alors que Jouanard est un grand… Mais trêve de ses rivalités de toises et de poids ! D’ailleurs ceux qui l’impriment ne sont petits que parce qu’ils ne cherchent pas à tout bout de champ à étendre leur empire. Les « caractères » dont Jouanard nous brosse le portrait, il les baptise par les seules initiales de leurs noms et de leurs prénoms. Caractères d’imprimerie, donc, auxquels il accorde toutefois la majuscule. Le jeu consiste à compléter le pointillé, souvent ressemblant en diable. Le jeu, bien entendu, puisqu’il vaut mieux en rire. Passe un défilé de types, souvent des poètes, au moins deux minutes par jour, qui vivent comme vous et moi, roulent en vélomoteur, laissent accroire qu’ils habitent une autre planète. L’écriture se donne à croquer comme un fruit mûr, comme un simple pain de campagne savamment pétri et cuit à point, accompagné d’un petit vin de pays, on ne vous dit que ça.