Le Monde, 22 décembre 1995, par Patrick Kéchichian

L’ambition et le désir de Jouanard n’étaient visiblement pas de se faire le caricaturiste d’un milieu ; encore moins de devenir le taxinomiste d’une société donnée et l’entomologiste des types humains qui la composent. Ne visant donc nullement à imiter La Bruyère ou Balzac, ne posant pas davantage au moraliste caustique ou au métaphysicien désolé par la misère de l’homme, il a simplement regardé, observé, avec « tendresse et irritation, causticité et indulgence ». Sans jamais grossir son trait, en quelques coups de crayon bien affûté, il retient des figures ce qui les caractérise le mieux.
[…] De la subtilité, Gil Jouanard en a à revendre. Elle s’allie à une sorte d’ingénuité méthodologique. En creux, c’est ainsi son propre visage, souriant, amical et attentif, qu’à travers cette série de portraits il montre à ses lecteurs. Et ce n’est pas le moins sympathique.