Le Provençal, janvier 1995, par Pierre Autin-Grenier
Solidement planté sur terre, la voix fraternelle et la bouille avenante au possible, qui est ce drôle qui accumule les livres sans avoir l’air vraiment d’écrire, voyage sans cesse en se proclamant partout sédentaire, paraît toujours étonné d’être là où il est et captant aussitôt toutes les sympathies ? Car, c’est un fait, en présence de Gil Jouanard, tout de suite on est bien. Tout comme ouvrant au hasard n’importe lequel de ses ouvrages : tout de suite ça va mieux. C’est ainsi. On dirait presque qu’il n’y a même pas besoin de savoir lire pour être heureux à sa parole et découvrir son monde. Celui de chacun de nous en réalité mais que Gil sait nous révéler avec des mots simples et pourtant dans une langue à l’éclat sans pareil. Alors, écrivain ? poète ? conteur ? hibou qui rêve à midi ?… Qu’importe ! Un type d’abord qui a quelque chose à dire, quelque chose qui a à voir avec la vie de tous les jours, et qui dit, écrit, cela comme s’il s’agissait de nos propres affaires. Sans démagogie, loin des singeries post-beatnicks et avant-gardistes, à l’air libre ! Peut-être bien l’un des grands poètes de notre époque.