Les Inrockuptibles, 13 mai 1998, par Jean-Marie Durand
Marcelle, s’il s’en est pris – parfois violemment – aux vedettes du prime time (Dumas, PPDA, Pernault, Pradel…), ne l’a jamais fait au nom d’une supposée haine viscérale de la télévision. Plus que la télé en soi, qu’il sait respecter lorsque, dans un hors-temps que nul annonceur ne trouble (après 23 heures), elle propose des émissions dignes, c’est la télé, comme reflet naturel de l’idéologie dominante qu’il accable de ses brillants soliloques. Il souligne l’illusion de la libre parole à la télé, stigmatise le moralisme des gens de télévision, petits directeurs de conscience servant les valeurs établies du capitalisme triomphant […].
Marcelle [dénonce] le journalisme de connivence, les flagorneries et autres échanges de faveurs entre les quelques présentateurs, romanciers, éditeurs, les courtoisies croisées. À la télé, redoutable machine à propagande de la pensée dominante, on se parle de puissance à puissance. C’est au nom de ce constat tout simplement lucide que la télé s’est décrédibilisée aux yeux de Marcelle, pousser à entrer en résistance contre tous les gardiens du temple cathodique qui osent sans vergogne s’offusquer qu’on puisse ainsi dénoncer leurs mœurs à rebours de toute morale… De notre côté, on saura longtemps gré à Pierre Marcelle de ses mises en garde hargneuses, talentueuses et visionnaires, encore naïvement éblouis que l’on est parfois devant les mirages du spectacle télévisé.