Elle, 5 février 1996, par Gérard Pussey
Il aurait fallu que l’instituteur trouvât, comme les bêtes, à assouvir son ventre afin que son âme tourmentée se délivrât enfin pour trouver le repos. Mais ce rude désir animal ne s’apaisera jamais et le grand talent de Michon est de parvenir à le fondre au flux des saisons, au mouvement de la Terre, et à l’inscrire au cœur même du paysage. Un douloureux désir inavoué qui hante chaque ligne de ce récit, à l’érotisme retenu à la manière du meilleur Hardellet. Un court texte sorcier où chaque mot soupesé sert une exigence d’expression qui ne se dément jamais. Les livres de Michon sont rares, tous portés par l’impérieuse nécessité d’être écrits. Ils renvoient le tout-venant de la production éditoriale au rang de vain babillage. Ce roman, comme les précédents, démontre, s’il en était besoin, que les bonheurs d’écriture font ceux de la lecture.