Le Pays de Franche-Comté, 19 février 1996
Un livre de Pierre Michon se reçoit comme une lettre. C’est personnel. Parce qu’il pose les mots au couteau, les échancre ou les lisse, laisse comme une croûte se former autour de certains pour mieux en baigner d’autres de lumière et de lait, de pluie et de sang. Les phrases de cet écrivain rare et, en apparence, bref, ne cicatrisent pas.
On parle beaucoup de Pierre Michon ces temps-ci et c’est tant mieux. Parce qu’il est en littérature, l’une de ces voix vraies qui renvoient à leur insignifiance la cohorte de tant de non-livres qui sentent les gros sous et les dessous d’affaires pas nettes.