Le Point, 17 février 1996, par Christophe Mercier
Michon n’est pas un romancier. L’essentiel réside dans des scènes, des images, magnifiées par le style : la trace d’une morsure de fouet sur le cou d’une femme ; des enfants comme des gnomes venus d’au-delà des temps, transportant un renard sur un plateau désertique et couvert de givre. Décrit par Michon, chacun de ces détails atteint à la richesse et à l’évidence d’un mythe immémorial. Lorsque le narrateur pénètre dans une grotte oubliée des circuits touristiques, et imagine les hommes préhistoriques qui y ont vécu, on est au-delà de la mémoire, lorsque Faulkner plonge dans les temps les plus anciens de son comté imaginaire.