Source, 27 mai 1997, par Pierre Vidal
Nous nous doutions que derrière le burladero, la silhouette discrète, attentive, vers qui le maestro tournait ses regards au moment du doute, avait une part du succès. Nous avions vu le frère sauter en piste, tirer Christian des cornes du miura, lui nouer la cape de paseo, avant de recouvrir un jour sa dépouille de lumière. Nous savions cette présence indispensable.
Aujourd’hui, Alain fait le point sur ces années de bonheur… Elles furent aussi les nôtres. Nous avons grandi en « aficion » avec ces deux-là. Il éclaire aussi la tristesse glacée des derniers jours dont nous n’avions qu’un faible écho. Il évoque la mort. Il sonde enfin l’immensité de l’amour fraternel. Sentiment intime qui fait de ce livre beaucoup plus qu’une biographie. Sa faena est profonde, inspiré, unique, ce que Bergamin appelait « la solitude sonore du toreo ».
L’aventure fut partagée. L’absence nous laissa seul. Alain nous le dit : « Christian est mort à trente-sept ans, comme notre père. Et je cherche maintenant un sens à ma vie dans le souvenir de ces deux jeunes morts. »