Libération, 13 septembre 2012, par Chloé Devez

Si Vermillon renvoie aux « petites blessures » qui tachent les clichés qu’Anne-Lise Broyer a pris des Cards, la maison de Pierre Michon et des Vies minuscules, c’est à un proverbe que l’écrivain emprunte le titre de ce texte inédit. Le Chant du coucou est celui de la mère morte et il résonne partout dans ces lieux de l’enfance. Il « est le printemps en personne, le comble des beaux jours, mais il est fêlé comme l’hiver, dont il se souvient. Tous les morts vous reprochent par sa voix de jouir d’un nouveau printemps ». Sous forme d’interview, composée à partir de notes échangées avec la photographe, Pierre Michon dit son amour, sa joie et sa peur des Cards. Il est question d’échos, de cris, de coups de tonnerre, de ces chants qui restituent le secret de cette maison dressée aujourd’hui dans son aspect d’autrefois. On ne sait plus bien qui, du brouillard des photos, des questions ou des réponses, émeuvent le plus. Car l’ensemble est hypnotique.