Télérama, 4 mai 2005, par Michèle Gazier

En seulement quatre livres, Francesco Biamonti s’est affirmé comme une des grandes voix de la littérature italienne. La mort a tu son écriture singulière tissée de mélancolie et de poésie. Avant de disparaître, il avait écrit quelques pages, le début d’un récit inachevé, dont le titre, Le Silence, était une manière d’annoncer sa fin. Avec la densité d’une écriture limpide, plus proche du poème que de la narration en prose, Biamonti raconte une rencontre dans ces montagnes à la frontière franco-italienne où, de son vivant, il cultivait des mimosas. Celle d’un homme solitaire et d’une femme venue d’on ne sait où, avec laquelle il a une relation érotique. Comme si aux portes de la mort la sexualité la plus abrupte, la plus dénuée de sentiment, jointe à la sauvage beauté d’une nature revisitée étaient les seules images de la vie à emporter pour le grand voyage. Les deux passionnants entretiens de Biamonti menés par Bernard Simeone qui accompagnent ce récit sont d’autant plus émouvants que les deux hommes ont disparu. Le Silence est comme un signe de lumière dans les ténèbres.