Télérama – Le Guide des festivals, suppl. nº 3152, 9 juin 2010, par Marine Landrot

Du 1e au 4 juillet aux Petites Fêtes de Dionysos, Arbois et Pays de Revermont (39) […].

Fortement ancré en terre limousine, son premier roman, La Souterraine, avait déjà le sens du paysage. Deux enfants y inventaient un jeu pour la route : fixer chaque détail de la nature pour lui attribuer une histoire, un passé, des angoisses, des rives. Jeune professeur de littérature à Paris-IV, Christophe Pradeau est un jardinier qui aime le désordre pour sa force protectrice. Il défriche sous les broussailles, qu’il remet savamment en place. Dans son second roman, La Grande Sauvagerie, paru cette année chez Verdier, il s’intéresse à nouveau aux vues embrumées, aux paysages obstrués et à la façon de lever le voile sur ce qui en vaut la peine. L’héroïne, Thérèse Gandalonie, y marche sur les traces de son passé, en retournant dans la maison où elle a vécu jusqu’à sa majorité. Au-dessus du village, un grossier rocher de granit surplombe la vallée, doté d’une lanterne des morts, qui envoûta jadis la fillette. L’onirisme s’installe : « Un coup de vent plus fort que les autres arracha la nappe qui, toutes amarres larguées, s’arrondit soudain en dôme, au milieu des cris, dans un bruit de vaisselle brisée, s’élevant haut dans le ciel ; brutalement haussée à la dignité d’un aérostat, en un instant, elle avait franchi le mur du jardin. » Très influencé par Pierre Michon, son maître, Christophe Pradeau excelle à la mythologie des lieux et des âmes, avec ses phrases longues, sinueuses, errantes. Un tel paysagiste ne doit pas être un mauvais compagnon de festival…