Études, février 2013, par Guilhem Causse
Les Œuvres de miséricorde ? Issues de l’Évangile selon Saint Matthieu, au chapitre 25, leur source n’en est pas moins, pour notre narrateur, la composition du même nom peinte par Caravage. Dans ce texte se tissent fiction et réalité. Les chairs s’entremêlent, celles des hommes du passé violent, du présent aimant et de l’avenir incertain. Œuvres de miséricorde contre œuvres de tueries. Qu’est-ce que ce texte ? Un autre monument après celui de Berlin, de papier celui-là, aux homosexuels persécutés ? Et qui sont ces persécuteurs ? Les charniers de 14 et les crématoires de 40 n’ont-ils pas maudit toute virilité ? Et puis il y a l’homosexualité : malédiction redoublée ? À moins que pour lui, l’ouverture ne soit là, possible salut, voie pour prendre les devants, se fondre dans les bras d’un Allemand et puis d’un autre afin de créer un nœud de chair que nul glaive ne peut trancher. Mais qu’est-ce qui distingue, posée sur la nuque, la main de l’amant de celle du bourreau ? Les descriptions sont crues, elles semblent un pied de nez aux tueurs de pédés, aux haineux de tous poils. Et à la fin, que reste-t-il ? Un dénouement terrible, une exposition désespérée au silence du ciel ? Les anges n’y sont plus, ils sont sur notre terre, avec celui qui a dit « Ceci est mon corps ». Que les hommes les massacrent et la terre sera un tombeau rempli d’os s’entrechoquant, sous un ciel vide. Reste pourtant la plume, agile à peindre les plaisirs ou à les raturer, d’un trait, et toujours, œuvrant à la miséricorde. Et nous y appeler ?