La Montagne (Clermont-Ferrand), 30 octobre 2008, par Daniel Martin
Mathieu Riboulet : Au péril la vie
L’autre roman sur les années Sida.
Pourquoi ce livre remarquable ne fait-il pas événement ? Ce n’est pas à cause de son sujet. D’autres traitent du Sida, de l’homosexualité (Tristan Garcia et Jean-Baptiste del Amo) et sont couverts d’éloges. Serait-ce en raison des premières phrases, abruptes : « Le père de temps à autre, couchait avec le fils. La mère ne voyait pas » ?
Qu’on ne l’évite pas. Riboulet est un prosateur de premier plan et ce roman, ce qu’il a donné de plus immédiat. De plus parfait.
Il suit son héros : Jérôme, fuit la campagne creusoise, la violence paternelle, découvre Paris, s’épanouit entre deux tantes bourgeoises, accueillantes, et des hommes de rencontre. Jusqu’à ce qu’une autre réalité le rattrape. La mort et la maladie. Il devient L’amant des morts.
Au pathos, Riboulet préfère l’alacrité. Il écrit la sexualité franchement, comme un plaisir et une nécessité. Sans trivialité. Et la vie, comme un péril à prendre.