Libération, 26 août 2010, par Éric Loret
« Finalement, comme c’était à prévoir, Bastien n’est pas devenu paysan, faute sans doute d’avoir pu devenir paysanne. » Bastien n’existe pas, puisque c’est le nom et le récit que le narrateur donne à un jeune acteur de porno gay qui « rémane » sur ses pupilles mais dont, évidemment, il ne sait rien. Bastien devient sous sa plume un Corrézien né au lieu-dit de Bongue. Le texte se fait exercice presque ascétique de contemplation du corps comme paysage et ciel, une traversée de soi par les routes du désir esthétique, une sorte de pendant écrit des films de Vincent Dieutre. Et si Bastien est devenu acteur porno, c’est parce que son seul amour, Nicolas, est mort avant qu’il puisse se déclarer. Il lui faut donc apprendre « la stupéfiante équivalence entre aimer un seul homme et les aimer tous ». Une délicate leçon de ténèbres, « un portrait lumineux et brutal à peaufiner pour les jours, désormais proches, où l’ombre gagnera ».