Prix de l’Estuaire 2009 pour L’Amant des morts

Voilà, nous étions dix cette année dans le jury, à Bordeaux. Bien sûr, vous n’avez jamais entendu parler de ce prix-là, qui existe pourtant depuis déjà quatre ans. L’histoire en très bref : nous nous sommes rencontrés à France Inter, nous étions tous jurés du Livre Inter cette année-là, sous la présidence d’Olivier Rolin. Sur les 24 jurés, nous sommes 12 à être restés en contact, par mail, via un petit blog confidentiel (http://traficdelectures.fr), et depuis nous nous réunissons chaque année chez l’un ou l’autre, à travers toute la France.

Nous sélectionnons pour les autres le livre que nous aimerions leur faire découvrir, nous faisons circuler les livres, nous nous retrouvons un week-end, nous buvons, nous mangeons, nous nous promenons et nous passons la nuit à discuter des livres de la sélection, puis nous en élisons un. Notre prix change de nom chaque année selon le lieu, parfois Olivier Rolin est là puisque nous l’avons élu président à vie, et bizarrement il passe du temps avec nous sans qu’on comprenne bien ce qu’il trouve là. Il faudrait lui demander.

Nous sommes de simples lecteurs, toubib, camionneur, assistante sociale, péagiste, institutrice, urbaniste etc., réunis par le hasard et la passion des livres. Des lecteurs amateurs qui lisent le soir en rentrant du boulot, pendant les vacances, sur les aires d’autoroute, dans les trains de banlieue, en servant les clients (Stéphane le péagiste de Perpignan coince ses romans sur le dessus de la caisse enregistreuse, il préfère les livres pas trop épais…).

Cette année, votre livre a fait quasiment l’unanimité, il n’y a eu qu’un tour de scrutin, c’était évident. Votre écriture si physique, cette baffe qu’on se prend au début et qu’on cherche à digérer tout le long du livre pour y renoncer, l’acceptant juste, première chute du lecteur jusqu’à la chute dans cet escalier, à la fin, en guise de rédemption. Enfin je ne sais pas, j’écris sans doute n’importe quoi, je ne suis pas critique. Nous, on a juste été secoués, remués, traînés, sonnés, on a ri aussi avec les deux jolies tantes parisiennes, on s’est noyé dans vos phrases, on s’est laissés emporter sans plus chercher à résister, à analyser, à résumer. Il fallait vous le dire, le livre de l’année pour nous c’est le vôtre, un point c’est tout.

Brigitte, Christine, les deux Catherine, Stéphane, Patrick, Sébastien, Hervé, Jean-François et Isabelle.