Technikart, juillet 2010, par Arthur Dreyfus
Quatre raisons de découvrir… Mathieu Riboulet
1. Parce qu’il rend hommage comme personne à l’art du portrait littéraire.
Dans Avec Bastien, Mathieu Riboulet brosse le portrait d’un garçon envoûtant à l’enfance corrézienne et solitaire et qui, devenu acteur de porno gay, « joint l’utile à l’agréable ».
2. Parce que c’est un putain de styliste.
Dès les premières phrases, on est emporté par un flux mélodique. L’auteur joue avec la volupté des mots et des sens. À l’image de ce texte – et comme c’est le cas chez les grands écrivains –, Dostoïevski nous rappelle en épigraphe que « la beauté est une énigme ».
3. Parce qu’il réhabilite les sœurs de la perpétuelle indulgence.
Vous savez, cette congrégation tragicomique et anti-Sida de drag-queens travestis en nonnes… Grâce à Maria-Bégonia de la Sagrada Capota (et à ses mémorables prêches dans des lieux de baise) nous comprendrons que « les voies du ciel sont de moins en moins impénétrables ».
4. Parce qu’au fond, on ne sait pas de quoi ça parle.
S’agit-il de backrooms, de Lozère ou du deuil d’un amour d’enfance ? On ne sait pas, en fait. On a juste besoin de tourner la page tant Riboulet réussit l’exploit d’être beau sans être poseur, profond mais jamais chiant. Son secret tient en un mot : l’émotion.