Têtu, septembre 2008, par Baptiste Liger
Jérôme Alleyrat a 14 ans quand, sans étonnement ni émoi particuliers, il tombe amoureux du garçon de ferme du hameau voisin. Il n’en a que 16 quand son père, témoin des premiers épanchements du fils, prend l’habitude de coucher avec lui. La mère, abandonnant père et fils à la force souveraine de leurs étreintes, décide de fuir le désir, la loi intime des hommes. Quand, à 20 ans, Jérôme arrive à Paris, un matin de septembre 1991, il trouve refuge chez ses tantes – deux veuves au charme un peu mondain, empreint du parfum léger, insouciant et libertaire des années 1970. Seulement, à Paris, l’épidémie du sida est à son comble. Jérôme, tout entier voué à l’assouvissement de son désir, connaîtra l’épreuve de la maladie avec sa rencontre d’un voisin de palier, Fabrice, qu’il recueillera et soignera jusqu’à la mort. Il devient alors « l’amant des morts ». Mathieu Riboulet, dans une langue rigoureuse, dont l’âpreté n’exclut pas la plus violente et intense poésie des corps, signe là une magnifique variation sur le deuil et la mélancolie des survivants.