La Liberté, 15 mars 2008, par Jacques Sterchi
L’homme aux 800 tableaux
Mort à 27 ans le 12 août 1988, Jean-Michel Basquiat aura traversé les années huitante tel un météore. Il laisse huit cents tableaux et deux mille dessins. Certains l’encensent comme génie de la nouvelle peinture, d’autres grimacent devant ces gribouillis. Toujours est-il que son nom est resté dans l’histoire de l’art du XXe siècle. Pour comprendre cette trajectoire atypique, Jean-Jacques Salgon s’est lancé dans un étrange jeu biographique. Un zigzag digressif qui le mène de tableau en tableau. Avec pour seule obsession un concept qui rend justice à ce que cherchait apparemment Basquiat : la vie plutôt que l’art.
Basquiat fut un môme de Brooklyn, un taggeur avant d’être repéré et reconnu, notamment par Warhol. On pourrait donc remonter sa biographie. Mais Salgon, lui, a décidé d’aller un peu plus loin. Un peu plus près. Exercice d’admiration sans aucun doute, mais tentative littéraire de partir de l’observation de la vie, du moindre détail d’une scène urbaine, d’un objet, d’une tache sur une toile, pour tenter d’y déceler un écho avec Basquiat. Quelque chose qui permette au biographe curieux de comprendre ce qui animait réellement le jeune peintre qui donnait parfois tant l’impression de dédaigner l’Art.