Point de vue, 13 juin 2001, par Xavier Houssin
Être voyageur, ce n’est pas forcément s’envoler d’un continent à l’autre. Passeports. Visas. Décalage horaire et transit dans les aéroports internationaux. Non, il est aussi des voyageurs qui font davantage de chemin rien qu’en sachant s’arrêter. Comme si les haltes étaient autant d’échappées belles. Comme s’il était essentiel pour aller plus loin de savoir faire la pause. De se perdre, immobile, la tête dans les nuages. Accompagnez donc Jacques Réda dans ses pérégrinations lentes. Ses odyssées au petit pied où le hasard des lieux et des rencontres se fait catalyseur d’une mythologie inattendue. Tout change. Tout se transforme pour qui sait être attentif. Les escaliers des villes se nouent en labyrinthe. Les jardins descendants engloutissent les maisons. Et les jeunes filles parfois sont d’étranges pythies… Chemin faisant, on se perd. Dans Vittel. Dans Besançon. On rôde vers Grenoble. On s’approche de Lyon. Faubourgs déserts. Banlieues reculées. Tassin-la-demi-Lune à la tombée du soir en devient comme oued balayé de vents de sable. Beaujolais en traverse. Angleterre. Portugal… il y a aussi les hôtels, ceux de simple passage. Ceux de villégiature. Les salles d’attente des gares. L’herbe molle des talus. Jacques Réda, c’est Xavier de Maistre qui aurait repoussé à l’infini les quatre murs de sa chambre. Quel périple. Quel bonheur…