Siné mensuel, octobre 2012, par Martine Laval
Nos très chers prix
Résistons au rouleau compresseur de la rentrée littéraire.
La rentrée littéraire est un phénomène franco-français, fabriqué pour faire vendre. Autrement dit, c’est une opération marketing. Comme depuis quelques années les chiffres de vente ont tendance à dégringoler (on n’a plus de sous, on s’est fait trop échauder par la critique…), « on » en a fabriqué une deuxième, dite de janvier. Ainsi les éditeurs occupent les médias, c’est de la pub quasi gratuite. Qui dit rentrée de septembre dit aussi prix littéraires qui tombent pour les plus glorieux (hic !) en novembre. C’est la fête des morts, de tous ces livres ou auteurs à peine nés et dare-dare enterrés. Les pôvres. La rentrée littéraire, les prix littéraires sont un beau marronnier, comme le sont nos coups de gueule. Rien ne change ? Si, c’est de plus en plus horripilant, insupportable. Que faire ? Comme dirait Lénine. Se méfier des 10 bouquins sur les 650 qui débarquent et que la presse, grande prêtresse de la paresse et de la mollesse, encense Résistance ! Et préférer au « chef-d’œuvre » de la reine Christine (dite Angot) un roman autrement plus effarant : Petite table, sois mise ! d’Anne Serre (éd. Verdier). Où il est question du sexe et des dérapages en famille, en toute innocence… Une banalisation du mal qui prend à la gorge, Le tout servi par une écriture extralucide. Bon remue-méninges !