Imagine demain le monde, mars 2014, par Th.D.
Antoine Wauters a décidément l’écriture vive. D’abord poète et salué comme tel, il s’oriente désormais vers le roman avec la même prose dense et forte, loin des sentiers battus. Avec lui, écrire semble relever d’une impérieuse nécessité quand il parle de Nos mères. Il dit la tendre fusion, les mots que souffle l’amour maternel, mais aussi la pression des bras qui trop enferment, les peurs et les colères dévorantes, le besoin de s’enfuir, de dissimuler. Le lieu est d’abord le Liban, le monde extérieur y est brutal et adverse, il déverse la haine et la mort qui ont emporté le père et dispensent ensuite les enfants. Et puis il y a la France et une mère adoptive. Et déjà la musique de l’attachement qui reprend avec les mêmes questions, forcées par le lien d’emprunt et ses incertitudes. Dans ce tumulte, des valeurs qui permettent de transgresser le malheur, la cruauté : la musique des mots, le plaisir du beau, de la lecture et de l’écriture. Mais aussi et surtout la découverte de l’amour hors du cercle familial, celui qui donne des ailes pour dévorer la vie. Fresque de la maternité sous ses différentes formes, ce roman brasse l’universel des sentiments mêlés, de l’attachement et de la solitude. Il le fait avec une liberté d’écriture étonnante et tonifiante, à mille lieues d’une production littéraire formatée.