Notes bibliographiques, mars 2014

Jean, douze ans, vit avec sa mère à Beyrouth. Son père est mort après avoir été arrêté et torturé par des milices. Jean vit solitaire au grenier, en compagnie d’amis imaginaires. La mère rendue folle de douleur par le drame, suicidaire, tremblant pour son fils, n’arrive plus à assumer son rôle et le confie à un orphelinat qui l’envoie en Europe où il est adapté par Sophie, une femme blessée. Prisonniers chacun d’un passé douloureux, Sophie et Jean ont du mal à « s’adopter » l’un l’autre.

Antoine Wauters est un écrivain et scénariste belge contemporain dont les écrits oscillent entre prose et poésie. La première partie du livre est très onirique parce que l’atrocité de la guerre et la douleur de la perte sont insoutenables et indicibles, l’enfant tente de fuir la réalité, se réfugiant dans le rêve, diluant la souffrance en s’inventant plusieurs personnages, plusieurs mères. Le style devient plus narratif lorsqu’il raconte sa vie en Europe avec sa mère adoptive. Parfois un peu obscur, le livre émeut par l’évocation de ces deux figures maternelles dont l’amour est entravé par une grande fragilité et une vraie détresse, ce qui oblige l’enfant à inverser les rôles. Deux mères qui deviennent enfants, enfants de Jean.