Notes bibliographiques, octobre 2009

Quel est le personnage central de ce récit ? La mère ou le fils qui la contemple sur la plage de son enfance ? Leur relation est très forte, dans les jeux, les rites quotidiens, les rêves et les cauchemars partagés. Leur amour est aussi grand que leurs peurs, peur que l’autre ne disparaisse, comme le petit frère mort brutalement, peur d’être moins aimé, peur de l’avenir, avenir qu’on désire aussi quand on a seize ans. Les évocations de leur vie au Maroc – le garçon y est né en 1927 – laissent place parfois au mariage de la mère, à son enfance aussi, aux deux guerres, au retour en France, et à la solitude de la vieillesse. Le père n’apparaît qu’en creux, comme une ombre vaguement effrayante mal aimante et mal-aimée.

L’écriture est très belle, sensuelle et mélancolique, avec une grande puissance évocatrice, surtout pour faire ressentir la chaleur et la lumière qui sont à la fois celles d’un pays du sud et celles de l’amour fusionnel entre deux êtres. Le lecteur doit se laisser envoûter, et aimer les histoires où il ne se passe rien… rien que la vie qui passe. Nous sommes aux antipodes de Julien Letrouvé, colporteur.