Le Quotidien de Paris, 14 janvier 1986, par N. C.

Le Gel du matin contient deux nouvelles, celle qui donne son titre au volume et « Le Labyrinthe », épisode de la Seconde Guerre mondiale où s’affrontent, dans la montagne d’hiver, partisans italiens et troupes allemandes. Il faut lire ce texte, admirable par sa sensibilité, par l’art avec lequel sont saisies toutes les ondes de peur et de pitié, tandis que le froid harcèle les hommes comme un chien. Le Gel du matin évoque une mort, la mort d’Olga. Avant d’avoir lu Caproni, on se demande si aucun poète au monde avait su parler ainsi de la mort, évoquer l’éclat minéral de l’herbe autour des condamnés, et la manière dont la chaleur se dilue en quittant le corps, le nez qui se pince dans la dernière inspiration. Et tout cela est dit avec une douceur si humaine, un tel amour de la vie.