Hamoré, juin 1986

L’auteur de la traduction du Zohar, qui est aussi le directeur de la collection « Les Dix Paroles », nous offre la première traduction française d’une œuvre de R. M. Cordovero (1522-1570). Ce cabaliste éminent du groupe de Safed, disciple de R. Joseph Caro et de Salomon Alkabetz, fut un maître d’Isaac Louria Achkenazi (le ARI). Il fut le plus grand théologien de la Cabale de son temps ; écrivain très fécond, on lui doit surtout deux grandes œuvres systématiques : le Pardès Rimonim et le traité Elima Rabati, ainsi qu’un grand commentaire sur le Zohar, intitulé Or Yakar.

Le Palmier de Débora est un petit ouvrage éthique « consacré à la signification cabalistique et à l’application de la doctrine de l’Imitation de Dieu » (Louis Jacobs, Introduction à la traduction anglaise). Ce livre est le plus souvent édité de tous les écrits de R. M. Cordovero, car il est devenu le livre de chevet des élèves des yechivot lithuaniennes ayant subi l’influence du Mouvement du Moussar de R. I. Salanter. Du XVIe au XVIIIe siècle, ce traité a inspiré toute une littérature éthico-cabalistique.

L’auteur y propose une méthode pour imiter Dieu, qu’il développe en dix chapitres exposant comment ressembler aux dix sefirot.

Charles Mopsik ne veut pas classer cet ouvrage dans la littérature seulement moraliste ou édifiante. Il insiste pour qu’on l’étudie avant tout comme un traité de Cabale : « Loin d’être un appendice de son œuvre destiné à un public moins lettré ou à l’usage dévotionnel, il en est l’aboutissement, l’écrit le plus achevé qui s’adresse aux étudiants le plus mûrs. » Nous ne sommes pas qualifié pour discuter de la valeur de cette hypothèse originale de Charles Mopsik.

En tout cas, la traduction est agréable et contient quelques belles trouvailles (af, désignant le nez et figurativement la colère, est traduit par « humeur » dans le sens où humeur vient de humer).