Le Monde, 10 décembre 2010, par Alain Beuve-Méry
Balzac à l’œuvre
« Œuvre capitale », selon Honoré de Balzac, Illusions perdues est au sein de La Comédie humaine,le roman qui met en représentation la littérature et ses conditions de possibilité. Pour tous les balzaciens, son manuscrit, qualifié de « calme » par Stéphane Vachon, est l’un des plus spectaculaires et passionnants de l’écrivain. Acquis en 1882 par le bibliophile belge Charles de Lovenjoul, il est aujourd’hui la propriété de l’Institut de France. Ce dernier a décidé de le rendre accessible, dans le cadre d’une nouvelle collection lancée chez Verdier. Seule la première partie du roman, intitulée « Les Deux Poètes », est présentée. On voit l’écrivain à l’œuvre, d’abord avec son texte écrit à l’encre et à la plume de corbeau, puis sa manière de retravailler les épreuves. Il avait l’habitude de découper les placards (première composition typographique en colonnes, sans pagination ni titre) et de les coller sur de grandes feuilles pour pouvoir écrire sur les débords. Théophile Gautier a comparé cela à un « grimoire d’apparence cabalistique ». C’est tout simplement fascinant.