Revue de théologie et de philosophie, 1991, par Jean Borel

Cet ouvrage présente la traduction intégrale du traité Pirké Avot (d’après l’édition de Vilna, 1883) et le fameux commentaire qu’en a fait Maïmonide au XIIe siècle (d’après l’édition de J. Kappah, Michna im Perouch Harambam, Jérusalem, 1963, vol. 2, p. 247-304). L’importance de ce traité se mesure tout d’abord à l’intérêt que lui ont voué, au cours de l’histoire, depuis sa rédaction, au IIe siècle, par Rabbi Juda Hanassi (le Prince), les plus célèbres rabbins juifs, qu’ils fussent philosophes, talmudistes ou kabbalistes et, par conséquent, à la hauteur du point de vue des commentaires eux-mêmes. La situation de ces « paroles des Pères », dans la Michna, en éclaire déjà, pour Maïmonide, l’enjeu principal et radical : si elles prennent place, en effet, à la fin du Seder Nezitin (l’ordre des « dommages » ou « préjudices ») qui examine les règles gérant les biens et les personnes, le fonctionnement des tribunaux et le rôle des juges, c’est bien que leur méditation devrait élever au plus haut niveau la compétence des juges et la validité de leurs jugements, par la mise en œuvre d’une intégrité absolue qui la rapproche de la prophétie elle-même. « L’intégrité conduit à l’Esprit-Saint », dit-il. Il faut féliciter Eric Simlévitch d’avoir eu l’idée d’ajouter, à la suite du commentaire que le Rambam donne de chaque Parole, la traduction inédite des extraits les plus significatifs des principaux autres commentateurs du traité, comme Rachi, Rabbénou Yona, le Maharal de Prague, Rabbi Hayim de Volozyne, ce qui fait de ce volume un remarquable témoignage de la sagesse et de l’éthique juive de tous les temps.